Christopher Sawyer-Lauçanno
Dix méditations sur quelques mots d’Antonin Artaud
(Ten Meditations on Some Words of Antonin Artaud)
translated by Patricia Pruitt
Je suis toujours Artaud.
C’est de moi que tout vient.
--Cahiers de Rodez
I am always Artaud.
It is from me that everything comes.
--Rodez Notebooks
à Patricia Pruitt / For Patricia Pruitt
Je ne sais rien
et je ne veux pas vouloir savoir
Nous n’avons pu connaître tous les pays des cartes, guides, atlas,
mais nous les avons vécus dans la fresque et dans la tentative.
Aussi bien, l’avenir ne s’y est pas trompé.
C’est la pureté qui demeure
dans l’air.
Je l’evoque--c’est à dire--je voudrais evoquer
la pureté qui reste dans l’air.
Mais les vents vont a toutes places
et je ne peux pas evoquer plus q’une illusion de pureté,
une chanson où la tendresse rejoint parfois le goût du crime,
ou le désespoir crisse. Mais la pureté d’écrire un mot pur
est toujours faire une quête honorable,
mais au même temps impossible de faire
avec un stylo ordinaire.
J’ai besoin d’un stylo déscendu d’une conscience
au delà des limites quotidiens,
au dela de cet monde habituel,
frais comme une fleur inconnue.
Que de fois nous avons agité ce mystère,
cherchant parfois à le contourner,
à le container;
mais quelque chose--peut-être un coup d’encre--intervient
entre la conscience et la quête
de posseser la pureté dans la main.
Est c’est correct cette arrangement de l’univers mysterieux,
inconnaisable.
C’est la magie d’éssayer
d’écrire
quand il n’y a rien d’écrire.
I know nothing
and I don’t wish to want to know
We haven’t been able to know all the countries from maps, guides or the atlas
but we have lived in murals and intentions
The future will not be outdone.
It’s purity who lives in the air.
I evoke it--I mean--I would like to evoke
that purity that sleeps in the air.
But the winds go everywhere
and I cannot evoke more than an illusion of purity
a song in which tenderness sometimes joins up with a taste for crime,
or grating despair. But the purity of writing one pure word
is always to undertake an honorable quest
and one impossible to achieve
with an ordinary pen.
I need a pen come down from a mind way above
the limits of everyday
above this habitual world
fresh as an unknown flower
that once we have disturbed the mystery
seeking at once to distort it
to contain it;
But something--maybe a drop of ink--comes between
the mind and the quest
possessing this purity in its hand
This is right this arrangement of the mysterious universe
the unknowable.
That is the magic of trying
to write
when there is nothing to write.
__________
L’inconscient est ce qui n’est pas le sommeil non plus
Je ferme les yeux toujours les mêmes
mais aujourd’hui pour la première fois,
au coin de mon oeil droit
j’ai vu un soleil brillant.
Une autre histoire a eté dans
l’ombre,
dans l’aurore,
dans une place inconnue mais
(j’ai décidé)
connaissable.
Une histoire trop interessante
que l’histoire du soleil.
Au même temps il était absolument necessaire
d’avoir le soleil pour entendre l’ombre ténébreuse.
J’ai regardé mes possibilites
et depuis quelques minutes toute était claire:
il faut entrer dans le soleil pour connaître l’ombre.
Mais comment procéder d’entrer dans une petite tache lumineuse?
A cet instant j’ouvris mes yeux
et le soleil et l’ombre sont disparús completement.
J’ai les fermés encore
mais cette fois
j’ai percu seulement la nuit.
Pas des soleils,
pas des ombres,
pas d’éspoir.
The unconscious is that which is no longer sleeping
I always close my eyes the same
but today for the very first time
in the corner of my right eye
I saw a sun shining
another story that had been in the shadow
now dawns
in a place unknown but
(I have decided)
knowable.
A story more interesting
that the history of the sun.
At the same time it is essential
to have the sun in order to understand the obscure shadow.
I check out my possibilities
and in a few moments everything becomes clear
I must enter the sun in order to know the shadow
But how can I proceed to enter a small luminous spot?
At that instant I opened my eyes
and sun and shadow had disappeared
I closed them again
but now
I saw only the night
no suns, no shadows, no hope.
__________
L’intelligence c’est la douleur qui cherche
sa place honnête, celle la plus exposée et determinée.
Il y a des jours pas comme autre jours.
Jours grotesques.
Jours délirants.
Jours quand l’urgence d’être oublier
est plus grand que la necessité de manger, de boire.
Ici je suis. Tendre, isolé.
Une bouche qui ne parle pas.
Des oreilles sourds.
Des yeux aveugles.
Plus un homme qu’un écrivain.
Il faut avoir des oreilles et yeux et bouche pour être écrivain.
On ne oublie pas les écrivains
mais presque tous les hommes sont oubliés.
Mais ici, debout, un homme.
Ecce homo. Homo ecce.
Aujourd’hui je doute ma existence,
doute qu’il y a des fleurs qui resemble des mots
et qu’il y a des mots
avec les qualités haissables des fleurs belles.
Intelligence is the grief that seeks
its honest place, the one most exposed and determined
Some days are not like other days.
Grotesque days
Delirious days
Days when the urgency to be forgotten
is greater than the need to eat, to drink.
Here I am. Soft, isolated.
A mouth which doesn’t speak
with deaf ears
blind eyes
More a man than a writer
one needs eyes and ears and a mouth to be a writer.
They don’t forget writers
but almost all other men are forgotten.
But here stands a man.
Ecce homo. Homo Ecce.
Today I am doubting my existence
doubting that there are flowers that resemble words
and that there are words
with the odious attributes of beautiful flowers.
__________
Je ne garderai que ceux qui n’auront jamais voulu
Quelques proverbes placés judicieusement
dans la discours
nous permettent une inquisition profonde.
Du temps à autre, pour reprendre souffle,
on invoque Dieu ou Satan
ou un crépuscule rouge plutôt que roux.
Soyez patientes mes petites,
je viens avec mes mains sales
pour sauver les possibilités
de couronner un Dieu cornu,
drapé des cendres drues.
I will keep to myself only what they have never wanted
A few sayings placed judiciously
in the talk
allow us a profound inquisition
from one time to another in order to catch our breath
or invoke God or Satan
or a red evening especially red.
Be patient my little ones,
I come with dirty hands
to rescue the possibility
of crowning a horned God
covered in weighty cinders.
__________
Ces lignes sont ce qu’on pourrait appeler des lignes interstituelles
Tendre, pitoyable
la texte est vraiment
une petite chose
comparée a la neant de la lecture,
de l’écriture, a la neant d’un bateau
sur la mer verte.
Vous êtes ici devant
la chair des pages oubliées,
detruites, non écritées
Pages qui n’existe sauf
dans l’interieure d’une salle fournie
de bibelots orientaux où les chevaux
mangeant de paille verte.
Non. Pas exacte.
Ce sont des agneaux qui mangeant
des grand chapeaux noirs.
Maintenant je peux voir
avec grande clarté
toutes les pages balancées
sur le dos d’un chien blanc.
Mots isolés
pretendent de faire une danse grotesque
composée des gestures inconnues.
Vous aussi la voyez,
mais comme toujours
vous ne toucherez pas les signes
d’un temps ridiculeux, haissable.
Et les chevaux, les agneaux sont disparus.
Seulement le chien blanc,
et moi,
et vous,
et la salle,
et quelques mots
ascendent a le soir noir,
un soir noir
empoigné de l’absence.
These lines could be called the lines between the lines
Tender, piteous
the text is truly
a tiny thing
compared to the nothingness of the reading
of the writing, the nothing of a boat
on the green sea.
You are here before
the flesh of forgotten pages
destroyed, not written
pages which exist only
in the interior of a room furnished
with exotic trinkets where horses
feed on green straw.
No, Not exactly.
It is sheep who eat
great black hats.
Now I can see clearly
every page balanced
on the back of a white dog.
Isolated words
pretending to do a grotesque dance
made of unknown gestures.
You see it too
but as always
you will not touch the signs
of a ridiculous, odious era
and the horses, the sheep have disappeared.
Only the white dog
and me
and you
and the room
and a few words
rising in the dark evening
a dark evening
gripped with absence.
__________
D’où je viens?
Les voyants se figurent manipuler
les cartes et les dès.
Esprit, matière, temps, espaces
vacillent devant un couple de cubes d’ivoire.
Les cartes ne connaissent leur propre avenir
seulement celui d’autres.
Nous sommes devant un nouvel univers.
Essayez donc de raissoner.
Sans employer ces termes maudits.
Where do I come from?
The seers imagine they can manipulate
the cards and the dice.
Mind, matter, time, space
vacillate in front of a couple of ivory cubes.
The cards, as the dice, do not know their own future
only that of others.
We are on the precipice of a new universe.
Try, therefore, to reason
without employing these awful terms.
__________
Derrière l’ âme qui nâit comme une fleur de bouche il y a toujours un être qui a trimé
Sur la conjunction
d’un point absolu
et un point indeterminant
l’horizon reste.
Et dans la main
un oiseau plumé
de chagrin
chant des fôrets.
Nous avons ici une situation
vraiment ordinaire mais
au même temps incroyable.
Où est la lune?
Où est la mer?
Et le petit garçon?
C’est lui qui echappe la nuit
pleine des arbres et soleils morts?
C’est lui qui entre dans l’eglise?
Ou c’est un autre?
Behind every soul which is born like a flower mouth, there is always someone who has worn himself out
At the conjunction
of an absolute point
and an indeterminate point
lies the horizon.
And in my hand
a bird plumed
in sorrow
sings of the forests.
We have here a very ordinary situation
but one simultaneously unbelievable.
Where is the moon?
Where is the sea?
And the little boy?
Is it he who has escaped the night
full of trees and dead souls?
Is it he who enters the church
or is it another?
__________
Le courage n’est pas de voir la vérité en face avec son intellect mais de se tenir
corporellement dans une ligne équitable.
Matin des astres et d’un silence
plus grand que ma tête.
A mes genoux arthritiques
je cherche ma bouche.
Je voudrais émettre
une bruit pour
briser en éclats
les sons muets.
Mais ce matin
je n’ai pas de bouche.
Je touche l’herbe jaune.
Je regard le paysage etoilé.
Mais les astres ne sont pas les miens.
Le paysage non plus.
Je suis parmi
les couchons prodiges
qui ne demeures pas dans la terre.
Courage is not to look truth in the face with one’s intellect but to hold it
bodily in an equitable line
Morning disasters of stars and of silence
larger than my head.
On my arthritic knees
I look for my mouth.
I would like to emit
a noise in order
to break into thunderclaps
the mute sound.
I touch the yellow grass
I see the starry countryside
but the stars are not mine
nor the countryside.
I am among
prodigal pigs
who do not reside in the earth.
__________
Je travaille seul
Toujours menacée par la dignité
ma vie est une troupe des yeux parmi autres yeux.
Mon corps s’anime comme un couteau
dans les mains d’un bonhomme de neige.
Je suis abandoné à chaque moment du départ
à chaque moment d’arrivé
Seulement le vent reste
Ne rien dire qui ne soit ici.
I work alone
Always menaced by dignity
my life is a troop of eyes among other eyes.
My body comes alive like a knife
in the hands of a snowman.
I am abandoned at each moment of leaving,
at each moment of arriving.
Only the wind remains.
Nothing to say that is not here.
__________
C’est le moment de la complétude de l’autre
Comme si le chien sur le champ peut rendre nous forts
Comme si le danseur sur la scène peut rendre nous contents
Comme si la poire sur la table peut rendre nous sages.
Now is the moment of the completion of the other
As if the dog in the grass can make us strong
As if the dancer on the stage can make us content
As if the pear on the table can make us wise.
Dix méditations sur quelques mots d’Antonin Artaud
(Ten Meditations on Some Words of Antonin Artaud)
translated by Patricia Pruitt
Je suis toujours Artaud.
C’est de moi que tout vient.
--Cahiers de Rodez
I am always Artaud.
It is from me that everything comes.
--Rodez Notebooks
à Patricia Pruitt / For Patricia Pruitt
Je ne sais rien
et je ne veux pas vouloir savoir
Nous n’avons pu connaître tous les pays des cartes, guides, atlas,
mais nous les avons vécus dans la fresque et dans la tentative.
Aussi bien, l’avenir ne s’y est pas trompé.
C’est la pureté qui demeure
dans l’air.
Je l’evoque--c’est à dire--je voudrais evoquer
la pureté qui reste dans l’air.
Mais les vents vont a toutes places
et je ne peux pas evoquer plus q’une illusion de pureté,
une chanson où la tendresse rejoint parfois le goût du crime,
ou le désespoir crisse. Mais la pureté d’écrire un mot pur
est toujours faire une quête honorable,
mais au même temps impossible de faire
avec un stylo ordinaire.
J’ai besoin d’un stylo déscendu d’une conscience
au delà des limites quotidiens,
au dela de cet monde habituel,
frais comme une fleur inconnue.
Que de fois nous avons agité ce mystère,
cherchant parfois à le contourner,
à le container;
mais quelque chose--peut-être un coup d’encre--intervient
entre la conscience et la quête
de posseser la pureté dans la main.
Est c’est correct cette arrangement de l’univers mysterieux,
inconnaisable.
C’est la magie d’éssayer
d’écrire
quand il n’y a rien d’écrire.
I know nothing
and I don’t wish to want to know
We haven’t been able to know all the countries from maps, guides or the atlas
but we have lived in murals and intentions
The future will not be outdone.
It’s purity who lives in the air.
I evoke it--I mean--I would like to evoke
that purity that sleeps in the air.
But the winds go everywhere
and I cannot evoke more than an illusion of purity
a song in which tenderness sometimes joins up with a taste for crime,
or grating despair. But the purity of writing one pure word
is always to undertake an honorable quest
and one impossible to achieve
with an ordinary pen.
I need a pen come down from a mind way above
the limits of everyday
above this habitual world
fresh as an unknown flower
that once we have disturbed the mystery
seeking at once to distort it
to contain it;
But something--maybe a drop of ink--comes between
the mind and the quest
possessing this purity in its hand
This is right this arrangement of the mysterious universe
the unknowable.
That is the magic of trying
to write
when there is nothing to write.
__________
L’inconscient est ce qui n’est pas le sommeil non plus
Je ferme les yeux toujours les mêmes
mais aujourd’hui pour la première fois,
au coin de mon oeil droit
j’ai vu un soleil brillant.
Une autre histoire a eté dans
l’ombre,
dans l’aurore,
dans une place inconnue mais
(j’ai décidé)
connaissable.
Une histoire trop interessante
que l’histoire du soleil.
Au même temps il était absolument necessaire
d’avoir le soleil pour entendre l’ombre ténébreuse.
J’ai regardé mes possibilites
et depuis quelques minutes toute était claire:
il faut entrer dans le soleil pour connaître l’ombre.
Mais comment procéder d’entrer dans une petite tache lumineuse?
A cet instant j’ouvris mes yeux
et le soleil et l’ombre sont disparús completement.
J’ai les fermés encore
mais cette fois
j’ai percu seulement la nuit.
Pas des soleils,
pas des ombres,
pas d’éspoir.
The unconscious is that which is no longer sleeping
I always close my eyes the same
but today for the very first time
in the corner of my right eye
I saw a sun shining
another story that had been in the shadow
now dawns
in a place unknown but
(I have decided)
knowable.
A story more interesting
that the history of the sun.
At the same time it is essential
to have the sun in order to understand the obscure shadow.
I check out my possibilities
and in a few moments everything becomes clear
I must enter the sun in order to know the shadow
But how can I proceed to enter a small luminous spot?
At that instant I opened my eyes
and sun and shadow had disappeared
I closed them again
but now
I saw only the night
no suns, no shadows, no hope.
__________
L’intelligence c’est la douleur qui cherche
sa place honnête, celle la plus exposée et determinée.
Il y a des jours pas comme autre jours.
Jours grotesques.
Jours délirants.
Jours quand l’urgence d’être oublier
est plus grand que la necessité de manger, de boire.
Ici je suis. Tendre, isolé.
Une bouche qui ne parle pas.
Des oreilles sourds.
Des yeux aveugles.
Plus un homme qu’un écrivain.
Il faut avoir des oreilles et yeux et bouche pour être écrivain.
On ne oublie pas les écrivains
mais presque tous les hommes sont oubliés.
Mais ici, debout, un homme.
Ecce homo. Homo ecce.
Aujourd’hui je doute ma existence,
doute qu’il y a des fleurs qui resemble des mots
et qu’il y a des mots
avec les qualités haissables des fleurs belles.
Intelligence is the grief that seeks
its honest place, the one most exposed and determined
Some days are not like other days.
Grotesque days
Delirious days
Days when the urgency to be forgotten
is greater than the need to eat, to drink.
Here I am. Soft, isolated.
A mouth which doesn’t speak
with deaf ears
blind eyes
More a man than a writer
one needs eyes and ears and a mouth to be a writer.
They don’t forget writers
but almost all other men are forgotten.
But here stands a man.
Ecce homo. Homo Ecce.
Today I am doubting my existence
doubting that there are flowers that resemble words
and that there are words
with the odious attributes of beautiful flowers.
__________
Je ne garderai que ceux qui n’auront jamais voulu
Quelques proverbes placés judicieusement
dans la discours
nous permettent une inquisition profonde.
Du temps à autre, pour reprendre souffle,
on invoque Dieu ou Satan
ou un crépuscule rouge plutôt que roux.
Soyez patientes mes petites,
je viens avec mes mains sales
pour sauver les possibilités
de couronner un Dieu cornu,
drapé des cendres drues.
I will keep to myself only what they have never wanted
A few sayings placed judiciously
in the talk
allow us a profound inquisition
from one time to another in order to catch our breath
or invoke God or Satan
or a red evening especially red.
Be patient my little ones,
I come with dirty hands
to rescue the possibility
of crowning a horned God
covered in weighty cinders.
__________
Ces lignes sont ce qu’on pourrait appeler des lignes interstituelles
Tendre, pitoyable
la texte est vraiment
une petite chose
comparée a la neant de la lecture,
de l’écriture, a la neant d’un bateau
sur la mer verte.
Vous êtes ici devant
la chair des pages oubliées,
detruites, non écritées
Pages qui n’existe sauf
dans l’interieure d’une salle fournie
de bibelots orientaux où les chevaux
mangeant de paille verte.
Non. Pas exacte.
Ce sont des agneaux qui mangeant
des grand chapeaux noirs.
Maintenant je peux voir
avec grande clarté
toutes les pages balancées
sur le dos d’un chien blanc.
Mots isolés
pretendent de faire une danse grotesque
composée des gestures inconnues.
Vous aussi la voyez,
mais comme toujours
vous ne toucherez pas les signes
d’un temps ridiculeux, haissable.
Et les chevaux, les agneaux sont disparus.
Seulement le chien blanc,
et moi,
et vous,
et la salle,
et quelques mots
ascendent a le soir noir,
un soir noir
empoigné de l’absence.
These lines could be called the lines between the lines
Tender, piteous
the text is truly
a tiny thing
compared to the nothingness of the reading
of the writing, the nothing of a boat
on the green sea.
You are here before
the flesh of forgotten pages
destroyed, not written
pages which exist only
in the interior of a room furnished
with exotic trinkets where horses
feed on green straw.
No, Not exactly.
It is sheep who eat
great black hats.
Now I can see clearly
every page balanced
on the back of a white dog.
Isolated words
pretending to do a grotesque dance
made of unknown gestures.
You see it too
but as always
you will not touch the signs
of a ridiculous, odious era
and the horses, the sheep have disappeared.
Only the white dog
and me
and you
and the room
and a few words
rising in the dark evening
a dark evening
gripped with absence.
__________
D’où je viens?
Les voyants se figurent manipuler
les cartes et les dès.
Esprit, matière, temps, espaces
vacillent devant un couple de cubes d’ivoire.
Les cartes ne connaissent leur propre avenir
seulement celui d’autres.
Nous sommes devant un nouvel univers.
Essayez donc de raissoner.
Sans employer ces termes maudits.
Where do I come from?
The seers imagine they can manipulate
the cards and the dice.
Mind, matter, time, space
vacillate in front of a couple of ivory cubes.
The cards, as the dice, do not know their own future
only that of others.
We are on the precipice of a new universe.
Try, therefore, to reason
without employing these awful terms.
__________
Derrière l’ âme qui nâit comme une fleur de bouche il y a toujours un être qui a trimé
Sur la conjunction
d’un point absolu
et un point indeterminant
l’horizon reste.
Et dans la main
un oiseau plumé
de chagrin
chant des fôrets.
Nous avons ici une situation
vraiment ordinaire mais
au même temps incroyable.
Où est la lune?
Où est la mer?
Et le petit garçon?
C’est lui qui echappe la nuit
pleine des arbres et soleils morts?
C’est lui qui entre dans l’eglise?
Ou c’est un autre?
Behind every soul which is born like a flower mouth, there is always someone who has worn himself out
At the conjunction
of an absolute point
and an indeterminate point
lies the horizon.
And in my hand
a bird plumed
in sorrow
sings of the forests.
We have here a very ordinary situation
but one simultaneously unbelievable.
Where is the moon?
Where is the sea?
And the little boy?
Is it he who has escaped the night
full of trees and dead souls?
Is it he who enters the church
or is it another?
__________
Le courage n’est pas de voir la vérité en face avec son intellect mais de se tenir
corporellement dans une ligne équitable.
Matin des astres et d’un silence
plus grand que ma tête.
A mes genoux arthritiques
je cherche ma bouche.
Je voudrais émettre
une bruit pour
briser en éclats
les sons muets.
Mais ce matin
je n’ai pas de bouche.
Je touche l’herbe jaune.
Je regard le paysage etoilé.
Mais les astres ne sont pas les miens.
Le paysage non plus.
Je suis parmi
les couchons prodiges
qui ne demeures pas dans la terre.
Courage is not to look truth in the face with one’s intellect but to hold it
bodily in an equitable line
Morning disasters of stars and of silence
larger than my head.
On my arthritic knees
I look for my mouth.
I would like to emit
a noise in order
to break into thunderclaps
the mute sound.
I touch the yellow grass
I see the starry countryside
but the stars are not mine
nor the countryside.
I am among
prodigal pigs
who do not reside in the earth.
__________
Je travaille seul
Toujours menacée par la dignité
ma vie est une troupe des yeux parmi autres yeux.
Mon corps s’anime comme un couteau
dans les mains d’un bonhomme de neige.
Je suis abandoné à chaque moment du départ
à chaque moment d’arrivé
Seulement le vent reste
Ne rien dire qui ne soit ici.
I work alone
Always menaced by dignity
my life is a troop of eyes among other eyes.
My body comes alive like a knife
in the hands of a snowman.
I am abandoned at each moment of leaving,
at each moment of arriving.
Only the wind remains.
Nothing to say that is not here.
__________
C’est le moment de la complétude de l’autre
Comme si le chien sur le champ peut rendre nous forts
Comme si le danseur sur la scène peut rendre nous contents
Comme si la poire sur la table peut rendre nous sages.
Now is the moment of the completion of the other
As if the dog in the grass can make us strong
As if the dancer on the stage can make us content
As if the pear on the table can make us wise.